(Je me place dans le modèle matérialiste. Je ne m’intéresse pas au cul de sac qu’est l’apophatisme, par déformation vocationnelle)
J’emploierai apophatisme dans le sens de ne pas parler (du tout).
Il m’est difficile de savoir par où commencer, tellement cela forme des tout interdépendants. Chacun a son axe de perception qui définit en grande part le modèle qu’il emploie pour évaluer et comprendre son monde.
J’ai choisi de partir du principe que chacun recherche son bonheur. Si ce n’est pas le cas pour vous, prenez le comme axiome, peut-être coïnciderez vous avec mes thèses postérieures et alors ce sera votre point de départ dans mon cheminement.
Donc chacun recherchant son bonheur, il lui est utile de savoir ce qui contribue à ce bonheur et à l’inverse ce qui l’en éloigne. Si par chance il est à l’origine de son propre bonheur et qu’il peut l’invoquer à sa guise (heureuse personne), il n’aura plus qu’un soucis : vivre.
Par contre si son bonheur dépend de facteurs extérieurs, il faudra qu’il tente de maîtriser son contexte. Cela ne pouvant se faire qu’à travers ses sens, on comprend la difficulté de telle aventure. Si l’humain peut avoir accès à des vérités basiques, il lui est impossible de connaître « parfaitement » son extérieur. Face à ce constat nous avons deux chemins.
L’apophatisme, si je ne peux connaître, pourquoi en parler (de Dieu par exemple), pourquoi essayer de comprendre (choix dans le bouddhisme, pour ne pas perdre son temps).
L’autre voie consiste à accepter l’erreur, l’imperfection et de créer des modèles qui nous permettent, dans leur domaines respectifs, de représenter le monde. La dynamique consiste en un perfectionnement des modèles, généralement permis par les modèles précédents. C’est le choix de la science. Par exemple, je crois que l’on peut dire que la mécanique relativiste est une extrapolation de la mécanique générale. La première, même si plus précise, n’a pas supplanté la seconde qui reste la plus util(isée).
Les modèles issus de la science sont souvent les plus valides, car ils s’appuient sur des expériences répétables et jusqu’à preuve du contraire. La méthodologie semble donner un caractère universel aux modèles qu’elle engendre. Très certainement, la science pourrait s’appliquer à toute la création (sans connotation de créateur). Cependant notre manque de connaissance dans le détail, limite fortement le domaine de validité des sciences. Tout au plus peut-on émettre une probabilité quand il s’agit de relation interindividuelle. Pour ce qui est le fruit de la coïncidence, ce qui n’est pas répétable, cela échappe à la science.
Et à nouveau nous avons le même choix à faire : ignorer le non scientifique, ou chercher un modèle.
Dans la panoplie des modèles non scientifiques (cette qualification vient de notre point de vue, car finalement la science n’est pas à l’origine des premiers modèles), se trouve la foi avec la religion qui en est l’expression.
Et je pense que l’on suit le même processus. Séries d’expérience dont on veut la maîtrise et donc dont on va chercher une explication. Ce sera l’astrologie, l’animalisme, les dieux semblables aux hommes. On n’a pas le choix : on s’appuie sur les connaissances du moment, on les modifie par les opérateurs que nous offre le cerveau (association, analyse, extrapolation, vision augmentée… voir la Gestalt)
Oui l’homme a inventé dieux et Dieu. Mais ce n’est pas un argument pour affirmer qu’ils/Il n’existe(nt) pas. On a inventé l’atome (qui n’est pas si atome que cela), on a inventé les extraterrestres et on scrute maintenant l’espace à leur recherche … L’homme est bien obligé de construire des concepts pour travailler avec l’inconnu, qu’il pourra par ce biais connaître plus tard. Mendeleïev avait prédit des propriétés d’atomes que l’on ne connaissait pas encore, grâce à sa classification.
Et ces modèles empiriques sont ils opérationnels ? Sans doute moins universel et dans l’espace et dans le temps, mais certainement ils servent. Il suffit de prendre les arguments des agnostiques qui expliquent par la science moderne ce que des religions pratiquaient déjà des millénaires avant : ne pas manger de porc, circoncision, [je manque d’argument, si vous en avez à votre bon cœur] …
Une autre porte d’entrée peut-être de vouloir mieux connaître les règles du jeu qu’est la vie.
Notre moi est en face d’une boite/château noire, qu’il découvre petit à petit : le corps, l’entourage immédiat, la famille, … La science en éclaire une grande partie, mais il reste des expériences qu’elle n’explique pas vraiment, si ce n’est en les qualifiant de coïncidences.
C’est la croisée des chemins. Un très grand nombre de modèle possibles. Celui que j’utilise à présent cadre avec mes expériences. Il est encore à l’état brut car assez récent dans certains aspects. Je suis matérialiste (quant à l’humain), évolutionniste (tout azimut, depuis les molécules qui deviennent vivantes, au cerveau de chaque individu, en passant par la dominante comportementale d’une société). Je priorise la science sur la foi/religion. Pour être ma culture, j’ai pris le modèle chrétien bien que je ne crois pas que Jésus soit Dieu.
Pourquoi je privilégie le modèle évolutionniste au modèle créationniste ?
Certains croient que Dieu a créé Adam et de sa cote Eve. Dans la culture biblique de l’époque il n’y a pas d’évolution. Les mutations sont le fruit du péché et ne peuvent pas créer une filiation (la mutation meurent avec le mutant).
Donc l’homme a toujours eu l’apparence qu’il a et la femme de même. On en déduit que Dieu n’avait pas fait l’homme pour qu’il se reproduise. Mais alors pourquoi l’homme a-t-il des tétons ?
Et je m’arrête à cet argument sachant qu’il y en a bien d’autres (comme l’incompatibilité interne des récits de la genèse).
Si on cherche une vérité on peut rester créationniste et défendre la véracité historique des récits bibliques, mais si on cherche un modèle qui rende compte de ce que l’on observe de nos jours , on ne peut que préférer le modèle évolutif.
Je pense que les récits de la genèse reprennent d’anciens récits et les adaptent à la nouvelle culture et foi.
On peut imaginer une histoire où Eve la première femme enfante à partir d’une de ses cotes.
Mais cela ne doit pas plaire aux machistes qui doivent préférer qu’un homme soit à l’origine de l’humanité. Un récit du style de la cuisse de Jupiter. Comme il serait difficile d’expliquer comment Adam met au monde un enfant, on utilise un deus ex machina. Et le tour est joué la femme est redevable à l’homme …
Le modèle évolutionniste est plus crédible. La sexualisation mâle nécessite la testostérone alors que la féminine ne nécessite pas d’hormone. Le mâle vient de la femelle et il en garde des traces qui n’ont pas disparues (encore ou parce qu’elles sont utiles) : les tétons sont produits avant la différenciation sexuelle.
Est-ce que pour cela la Bible est décrédibilisée ?
Oui si l’on considère que l’inspiration des textes est divines dans le sens que ce qui est écrit est la pure vérité textuelle. Dans le nouveau testament les écrits anciens donnent à penser que les disciples croyaient que la fin des temps était au plus dans les quelques années à venir (1Th 4, 17). L’inspiration n’est pas donc de cet ordre. Je crois qu’elle est plutôt de l’ordre de la muse. Le texte est inspiré en ce qu’il parle de Dieu, d’une expérience avec Lui, des implications que nous y voyons.
Mais pas de panique, Dieu a écrit de sa propre main un livre : la création. Et la science s’attache à le lire le plus universellement/ objectivement possible. Et elle nous donne des réponses nouvelles (bien que plus anciennes) à certaines de nos préoccupations.
Par exemple, la vie et/dont la mort .
Au moins pour les premiers juifs, Dieu était la source de la vie, par son souffle qui anime Adam et le rend différent de nature des animaux. Et la vie est bonne. Mourir, c’est finir la vie donc défaire l’œuvre de Dieu. Cela ne pouvant être venir de Lui il a fallu trouver une explication, le péché. Donc tuer ou se tuer est une offense à Dieu.
Maintenant, l’église catholique confesse notre filiation animal. En plus avec le nouveau testament la mort n’est plus la fin de la vie, car il y a la résurrection. Les animaux ont existé avant l’homme et mourraient avant que l’homme ait péché. La mort est un outil de l’évolution, dont hérite l’homme.
J’en déduis que la mort de l’homme fait parti de la voie de la création donc a pour origine Dieu (directement ou non). Si tuer pour se débarrasser de l’autre que l’on n’aime pas reste un péché, donner sa vie (suicide) par amour des autres peut contribuer à l’œuvre de Dieu, le salut du monde. C’est ce qu’a fait Jésus.
Personnellement j’irais plus loin, tuer quelqu’un (qui en a le désir permanent) par amour de lui est un bien fait, si ce n’est pour les séquelles que cela peut engendrer. Pour cela on pourrait imaginer une chaîne de suicidaire qui tue avant de l’être à leur tour. De plus cela pourrait faciliter le don d’organe, un suicide moins violent (pour tout le monde).
La vie n’est pas sacrée, c’est juste un état de la matière inanimée. Je ne crois pas qu’il y ait une différence ontologique entre une pierre et un animal, seulement un assemblage différent d’atomes différents.